Vie privée et données publiques :  les nouvelles règles du « je »
Par David Lacombled
Et moi, et moi, émoi… Une étude de l’Observatoire Orange-Terrafemina sur le sort de nos données personnelles sur Internet montre chez les interviewés une appréhension modulée s’articulant de façon différente autour de trois sphères du « moi ». —
ILLUSTRATIONS
d'alexandre forget



























Du droit à l’oubli
on peut glisser
vers l’oubli du droit

























Régler son propre
comportement
face à la nouvelle
donne que constitue
Internet plutôt que
de se réfugier dans
un hypothétique
enrégimentement



1e sphère : le « moi-identité »

Une forte appréhension se fait sur le piratage des données bancaires (80%) et l’utilisation frauduleuse de données, comme l’usurpation d’identité (65%). Et en conséquence, une demande pressante de protection de ces données s’exprime.


2e sphère : le « moi-consommateur »

Les personnes interrogées reconnaissent que l’utilisation des données personnelles par les marques est un processus inéluctable. Et ce qui peut être vécu comme « un mal nécessaire » comporte au moins un intérêt : celui de permettre un meilleur ciblage publicitaire qui se traduit par une plus grandes pertinence dans les offres qui leurs sont proposées en ligne.


3e sphère : le « moi-intime »

Concernant les données sur la vie privée - ce que les Anglo-saxons nomment la « privacy » - les interviewés reconnaissent d’emblée qu’il n’existe plus de vie privée sur Internet. Rien n’échappe à Internet, affirment-ils. Pour autant, pas d’évocation d’un Big Brother mais plutôt une constatation réaliste.

En ce sens, les participants à l’étude montrent qu’ils ont pris la mesure des changements que le numérique a apportés. En quelques années, en effet, Internet a bouleversé la notion même de « vie privée ». Cantonnée il y a une dizaine d’années à l’anonymat avec les avatars (qui subsistent encore dans certains forums où sévissent les trolls), l’identité des internautes s’est peu à peu dévoilée sous son vrai jour, notamment à travers les réseaux sociaux.


Plusieurs jours différents

Sous son vrai jour ? Peut-être pas tout à fait. En tout cas, sous plusieurs aspects différents. Suivant que l’on se présente sur Facebook, LinkedIn, Instagram, Twitter, Snapchat, un forum… on aura tendance à mettre en avant une facette de sa personnalité. C’est que les réseaux sociaux ont introduit un nouvel espace au « moi ». Un « moi » au confluent du réel et du virtuel : plus vraiment virtuel et pas tout à fait réel non plus. Pour preuve, la notion d’amitié telle qu’elle est véhiculée sur les réseaux sociaux, et Facebook en particulier, et qui a muté entre virtuel et réel. Ce n’est évidemment plus le même sentiment qui liait Montaigne et La Boétie, mais il serait exagéré de lui nier toute existence, comme le fait le philosophe André Comte-Sponville.


Apprivoiser ces nouvelles « règles du je »

C’est un nouvel espace à la fois intime et public, virtuel et réel qu’ouvre Internet pour l’expression du « moi ». Avec le jeu social que cela implique. Aujourd’hui, les internautes commencent à apprivoiser ces nouvelles « règles du je » des réseaux et les implications sur leur propre privacy. Et c’est la conscience des limites et frontières de ce nouvel espace - par définition mouvantes - qu’il faut transmettre aux jeunes générations. Un nouvel espace social. Certains voudraient le juguler en réclamant un « droit à l’oubli », notamment avec la possibilité d’effacer les données comme on le souhaite.

Serge Tisseron, dans Libération, a montré en quoi ce droit pouvait être illusoire, dangereux et contreproductif, soulignant que du droit à l’oubli on pouvait glisser vers l’oubli du droit. Et les personnes interrogées montrent pour leur part plus de sagesse et de réalisme. Puisqu’elles concluent qu’il est préférable de régler son propre comportement face à la nouvelle donne que constitue Internet plutôt que de se réfugier dans un hypothétique enrégimentement. Et finalement plus de cohérence aussi en reconnaissant que la liberté, qui est à la base de certaines dérives, est également celle qui permet de faire d’Internet le formidable espace social qu’il est.


La fracture numérique évolue

Et dans ce sens, si la génération des digital natives possède mieux que quiconque les codes de la vie numérique, il devient d’autant plus important d’assurer un rôle d’éducation ou à tout le moins de sensibilisation pour que cette génération soit à même de comprendre le code social des outils d’Internet. C’est cette distance et cette compréhension par rapport au flux toujours plus abondant et incontrôlable de données qu’il s’agit de communiquer aux nouvelles générations. Car ce que l’on a pu appeler la fracture numérique évolue. Elle fut d’abord liée à l’acquisition du matériel proprement dit, du fait de son coût. Mais le taux d’équipement avoisine désormais les 100%. Elle a été ensuite - et est encore parfois - liée aux usages numériques, notamment dans l’apprentissage des codes propres à Internet. Or, aujourd’hui, c’est une autre forme de fracture numérique qu’il convient de prévenir : celle qui concerne le lien des outils numériques avec notre vie sociale. Avec un credo simple mais qu’il faut rappeler sans cesse : l’utilisation des data doit être un outil de libération et non d’aliénation. Et nous en sommes chacun les premiers responsables. Un enjeu « adulte » qui correspond précisément à l’entrée de l’Internet dans son âge adulte. L’âge de la citoyenneté numérique en somme.
David Lacombled
Directeur délégué à la stratégie des contenus du Groupe Orange et Président de l'IAB. Auteur de Digital Citizen, il préside le think-tank La villa numeris.
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