harper reed : « la data est un accès à l'élévation sociale »
Propos recueillis par Benjamin Adler
Directeur de la technologie pour la campagne de réélection du président Barack Obama, Harper Reed est un gourou atypique de la data, un visionnaire partisan. Avec sa startup Modest, il veut « construire le futur du commerce ». Et il sait comment y arriver grâce à la donnée.
Illustrations
de ELISE ENJALBERT



Portrait d'Harper Reed
et illustration
par Elise Enjalbert


















Pendant longtemps,
le concept même
de la data drainait
des connotations
négatives auprès
du grand public


















Nous n’avons pas besoin
de législation pour éduquer
les utilisateurs sur les risques
de céder leurs données
IÑfluencia En novembre dernier, vous avez déclaré que la Big Data était du pipeau car pour vous l’adjectif « big » n’avait plus de sens. Alors comment justement l'utiliser pour qu’elle donne un autre sens à nos sociétés futures ?

harper reed Ce que je voulais dire, c’est que souvent quand on parle des datas, et plus spécifiquement de la Big Data, on utilise des mots usurpés dans des conversations pompeuses qui ne reflètent pas le réel. Le terme « big » rend la conversation plus confuse qu’elle ne doit l’être. Pendant très longtemps, le concept même de la data drainait des connotations négatives auprès du grand public. Le principal changement c’est qu’aujourd’hui, les gens sont prêts à céder leurs informations personnelles en échange de contenus et de services. Aux Etats-Unis, quand le gouvernement a décidé d’ouvrir toutes les données météorologiques, cela a permis l’émergence du marché de l’information météo, qui avant l’arrivée des smartphones se concentrait sur les chaînes TV. Un nouveau secteur d’activité économique est né simplement grâce à de l’open data.

Avec les applications digitales, la data est à double sens puisque le développeur reçoit les données des utilisateurs en échange. Quand le tournant s'est-il amorcé ? Je n’en sais rien. Ce dont je suis certain, c’est que les gens sont de plus en plus enclins à céder leurs données. Cela ouvre des perspectives enthousiasmantes sur les utilisations qu’on peut en faire. Je suis positif et optimiste, la data ne va pas détruire le monde comme je l’entends souvent.


Les citoyens sont-ils moins réticents à céder leurs données car les marques ont remplacé les Etats et installé un rapport donnant-donnant dans lequel elles servent leur quotidien ?

hr Quand on parle de data, nous avons tendance à oublier une chose très simple : à chaque fois qu’elle est présente, il y a normalement une transaction qui est impliquée. Quand Facebook nous dit « nous allons utiliser vos données et en retour, on veut bien vous offrir une application de partage de photos », personne ne se révolte. Autre exemple, j’ai emménagé dans un nouveau quartier, avec un très bon restaurant japonais juste à côté. Ils utilisent une application iPad pour prendre les réservations et vous contacter par texto quand la table est prête. Pour moi c’est parfait, ça me permet de savoir quand me rendre sur place. Mais en utilisant leur plate-forme, je leur offre des données dont ils peuvent ensuite se servir. Juste par une simple réservation en ligne, ils obtiennent des informations sur moi ! Franchement, ils peuvent en faire ce qu’ils veulent : j’ai adoré la nourriture et j’ai passé une super soirée. C’était une opportunité et pas une fois je n’ai regretté d’avoir utilisé cette application et abandonné mes données.

La conclusion est simple et elle ne vient pas de moi : si le produit qu'on utilise est gratuit, alors on est probablement soi-même le produit. L’utilisation des datas rend-elle le monde occidental et développé meilleur ? Je le pense ! Il est plus efficace, plus ouvert et permet de développer une économie collaborative et de partage. C’est plus de transparence, mais aussi une meilleure acceptation des marchés alternatifs, de nouveaux outils d’interaction, de nouveaux modèles économiques.


Ce changement de perception par le consommateur contraint les marques à maintenir le win-win dans l’échange de données contre des produits gratuits. Comment y parvenir ?

HR C’est une très bonne question et je ne suis pas sûr d’avoir une réponse. Ce que je sais, c’est que nous devons être très, très prompts à défier des situations qui ne nous plaisent pas. Nous avons déjà vu dans le passé des réactions négatives virulentes des consommateurs contre quelque chose qui les avait frustrés et qui leur avait déplu. Les utilisateurs peuvent donc se rebeller. En tant que consommateurs, nous avons ce pouvoir de dire oui ou non à l’adoption d’une application. Nous parlons avec notre portefeuille. Il est devenu tellement facile pour nous de contester que les applications doivent vraiment faire attention et êtres vigilantes à ne pas nous irriter.


Faut-il mieux éduquer les utilisateurs sur les risques de céder leurs données, afin qu’ils puissent rester les gardiens du temple ?

HR Oui, complètement. Il faut dédier plus de personnes à cette tâche primordiale. En revanche, nous n’avons pas besoin de législation pour éduquer les utilisateurs. Le besoin d’éducation est énorme mais cela ne doit pas passer par des lois. Il faut enseigner en promouvant et en éveillant. Dans le domaine de la santé par exemple, le gouvernement suggère, parfois avec insistance, propose, quelquefois impose, mais sans légiférer ni obliger ou empêcher.

Il s’agit de comprendre comment démontrer aux plus jeunes qu’il est important d’être éduqués et comment bien les écouter. Car ce sont ceux qui vont nous expliquer à nous, les plus âgés, comment agir. Il y a un réel écart de perception entre les âges et ce n’est pas parce que je suis un professionnel de la question que je sais comment réagit et agit un jeune de 15 ans. Je ne suis pas en mesure de lui apprendre comment utiliser les datas, cela doit plutôt être l’inverse. Les jeunes doivent enseigner aux plus âgés comment utiliser les données. Ils sont beaucoup plus connaisseurs et moins dociles.


Considérez-vous l’Internet of Things, et le real time marketing qui l’accompagne, comme un changement positif pour le consommateur ?

HR Oui bien sûr. Plus le produit est bon, plus le consommateur est heureux. Nous voulons une chose très simple : vivre une meilleure expérience d’utilisateur. J’adorerais plus que tout me connecter sur Facebook et me voir proposer des produits que j’ai envie d’acheter ou qui m’intéressent, par curiosité. Ce n’est pas encore possible car nous commençons seulement à avoir une expérience positive avec les datas. Elles ne sont plus là pour oppresser les gens, mais pour rendre leur vie plus facile. La data va nous aider à avoir plus d’accès à plus de choses, et c’est ce qui me rend si optimiste. L’accès, c’est l’élévation sociale. L’Internet le démocratise et offre plus d’opportunités d’innovations et de transparence.
benjamin adler
Correspondant US






















































La data ne va pas
détruire le monde
comme je l’entends
souvent


















Les datas
ne sont plus là
pour oppresser
les gens
mais pour rendre
leur vie plus facile

Si le produit qu'on utilise est gratuit, on est probablement soi-même le produit
Illustration d'Elise Enjalbert
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