Génération de la crise, mais génération positive !

Par
Alain Renaudin
À l’heure de la hausse du chômage, de la croissance en berne, de l’écologie en question, de la remise en cause des élites et des crises géopolitiques persistantes, les 20-30 ans sont les premiers concernés. Pourtant, ils semblent mieux gérer la situation que d’autres. Optimisme, valeurs, projets : et s'ils avaient le mode d’emploi de ces vingt prochaines années ?
À force d’entendre toute la journée s’exprimer l’inquiétude des Français, leur défiance vis-à-vis du pouvoir politique, leur critique de la mondialisation, de commenter les mauvais benchmarks internationaux sur le moral des troupes ou de ressasser notre consommation record d’antidépresseurs, on finit par croire que la mauvaise conjoncture emporte tout sur son passage dans un grand élan de pessimisme aigu, ou que nous sommes d’irréductibles gaulois râleurs et défaitistes !


INQUIETS MAIS aussi OPTIMISTES

Et bien pourtant, même si tous ces indicateurs ne sont guère encourageants, surtout à l’aube de sa vie active ou familiale, les « jeunes » nous donnent quelques leçons d’optimisme, à contre-courant, et peut-être réconfortantes pour les plus pessimistes. Régulièrement interrogés, les plus jeunes de nos concitoyens se déclarent plus confiants en l’avenir, moins pessimistes que l’ensemble des Français, et surtout nettement moins désabusés.

Un constat démontré par différentes études réalisées par Mediaprism tout au long de l’année 2012* et particulièrement sur une des dernières enquêtes, fin décembre : si 32% seulement de l’ensemble de l’échantillon se déclare optimiste pour l’année à venir (et 68% pessimistes), les jeunes, eux, sont majoritairement optimistes ! (Certes de justesse, mais plus d’un sur deux : 52%). Ce moral est même encore plus positif sur un plan qui pourtant incarne tous les défis : le plan professionnel.

Sur ce registre, ils sont 65% à être optimistes pour 2013 (versus 52% pour les autres classes d’actifs). Et ceci ne repose pas uniquement sur une méthode Coué pour se rassurer en pensant à l’avenir : si 56% de l’ensemble des Français accordent une mention « Très bien » ou « Assez bien » à l’année 2012 sur le plan professionnel, ce chiffre passe à 63% chez les 20-30 ans. Et « sur le plan personnel », le compteur monte même à 80% d’optimisme pour l’année qui s’ouvre !

Les membres de la nouvelle génération semblent, à de nombreux points de vue, désireux de ne pas s’engluer dans la morosité ambiante. À l’inverse de leurs aînés qui ont peut-être connu des jours meilleurs, les 20-30 ans sont une génération de la crise, qui fait preuve de beaucoup de relativisme et de pragmatisme face à ce qu’ils ont toujours connu. La crise économique ? Elle est née en même temps qu’eux, les alertes écologiques aussi. La récession ? Une quasi normalité. Le taux de chômage ? Un fait auquel il faut s’adapter en se retroussant les manches. Une génération de la crise bien résolue à ne pas être une génération en crise.

Un niveau d’optimisme qui n’est pas un optimisme naïf, présomptueux ou béat, car il est corrélé à un niveau relativement élevé d’inquiétude : la plupart d’entre eux déclarent « s’inquiéter de l’avenir » (52% versus 48% pour l’ensemble des Français). D’où l’impression nette, en les regardant de plus près, que cette jeune génération fait preuve d’un optimisme raisonné, délibéré, volontaire ou dit inversement d’une inquiétude non fataliste.


PRENDRE DES RISQUES

Cette relative confiance en demain peut s’expliquer par le fait que les 20-30 ans ont le sentiment que tout est encore possible pour eux, à condition de prendre leur destin en main. En ces temps difficiles, ils se déclarent plus volontaires que leurs aînés : 17% expliquent épargner davantage pour faire face à la crise, ceci de manière plus prononcée que chez les plus âgés (11%) ; 11% (versus 8%) déclarent travailler davantage en ces temps de crise.

Dans un autre registre, ils n’hésiteraient pas à prendre des risques pour atteindre leurs objectifs : le cœur entrepreneurial des 20-30 ans bat davantage à l’idée de créer sa propre entreprise, une idée qui suscite chez les 20-30 ans du respect (52% chez les jeunes vs. 46% sur l’ensemble), de l’admiration (41% vs. 42%) mais aussi, et ceci de manière particulièrement prononcée, de l’envie (40% vs. 19%).

Plus révélateur encore, interrogés sur la priorité à accorder à une série de dossiers abordés lors de la conférence sociale de la rentrée 2012, les plus jeunes se distinguent particulièrement en citant davantage « la rémunération et le pouvoir d’achat » et « l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail » lorsque leurs aînés répondent « redressement de l’appareil productif » et « l’emploi, en particulier l’emploi des jeunes ».

Une façon de mettre en avant des attentes plus pragmatiques et personnelles, révélatrices d’une des facettes de cette génération Y : être bien payé, dans un cadre de travail équitable et agréable. Car s’ils sont inquiets pour la situation économique de la France (79%), ils le sont tout autant pour leur pouvoir d’achat ou pour le financement de leurs retraites (81% pour ces deux items), un moyen de montrer que s’ils veulent croire à leur bonne étoile, ils ne se sentent pas pour autant en découplage avec le contexte macro-économique.

Une génération sans doute soucieuse de « réussir » et d’évoluer sur l’échelle sociale, qui porte moins d’affect à son travail que ses aînés, quitte à donner l’impression qu’il est interchangeable (quand ce n’est pas eux qui ont le sentiment de l’être). Une génération certes consciente d’un contexte plus dur, mais également d’une époque mondialisée et digitalisée où tout peut arriver. Malgré tout, les 20-30 ans ont une vision de la société fortement empreinte de solidarité et de fraternité.


CROIRE EN SON DESTIN, TOUT EN S’INTERESSANT À CELUI DES AUTRES

Dans ce contexte somme toute caractérisé par leur recherche de réussite individuelle, les 20-30 ans semblent accorder une attention particulière au monde qui les entoure.

Leur représentation de la société moderne idéale repose ainsi sur des valeurs telles que la solidarité et la diversité (61% et 23%), et ce, de manière bien plus prononcée que les générations antérieures (52% et 14%). Ils attachent également beaucoup d’importance à la justice (57%) et à l’ordre (29%), comme leurs aînés.

En revanche, liberté et garantie de paix, notions avec lesquelles ils ont grandi et qui leur semblent acquises, sont l’objet de moins d’espérances que pour leurs parents (respectivement 55% et 26% chez les 20-30 ans versus 61% et 34% pour l’ensemble des Français).

Principalement en quête d’honnêteté, de sincérité et de générosité (significativement davantage que les répondants plus âgés sur ces deux dernières dimensions), les jeunes se démarquent de leurs aînés par leur besoin d’être ensemble, de s’entraider et d’être solidaires les uns des autres. D’ailleurs, à leurs yeux, les formes de générosité les plus nécessaires en temps de crise sont bien évidemment l’aide financière, mais aussi l’écoute, la disponibilité... et l’amour des autres. Ce dernier item revêt une importance toute particulière chez eux : un tiers des jeunes y est sensible versus un quart de l’ensemble des Français.

Pourtant, dans les faits, ils ne se montrent pas encore très généreux. Ils donnent ainsi bien moins aux associations que les générations matures... peut-être parce que plus que leurs aînés, ils déclarent avoir des difficultés à joindre les deux bouts en fin de mois (31% vs. 24%). Les associations occupent toutefois une place considérable à leurs yeux.

Ils en ont d’ailleurs une meilleure opinion que les autres générations (80% en ont une très bonne ou assez bonne opinion versus 76% pour l’ensemble des Français). Et si, lorsqu’ils donnent, les jeunes sont avant tout portés, comme leurs aînés, par ce qui a trait à la santé (aide aux malades, recherche médicale), ils se montrent beaucoup plus sensibles à des causes liées à l’urgence (catastrophes naturelles), à la défense des animaux, et à la protection de l’environnement.


UNE SENSIBILITE ACCRUE AUX PROBLEMATIQUES ENVIRONNEMENTALES

Avec plus de 4 jeunes sur 5 se déclarant préoccupés par les questions environnementales, les 20-30 ans sont encore plus sensibilisés que la moyenne à ces sujets. Une problématique qui les taraude, d’autant plus qu’ils perçoivent peu d’évolution autour d’eux, en France, en Europe, et encore moins dans le monde. Près de trois quarts d’entre eux (73%) estiment même qu’en France, les enjeux environnementaux sont sous-estimés et pas assez pris en compte.

Et pourtant, leurs attentes sont fortes. La quasi-totalité des 20-30 ans s’accorde ainsi à penser que le grand public devrait être davantage informé des impacts sociaux et environnementaux de la part des entreprises, des collectivités locales, et des administrations de l’État.

Ils souhaitent également que des combats soient menés : préservation des ressources naturelles, lutte contre la pollution de la terre, des nappes phréatiques, des océans, développement des énergies renouvelables... Mais aussi, et à un niveau plus prononcé que l’ensemble des Français, lutte contre le réchauffement climatique et préservation de la biodiversité, des enjeux de long terme, donc, de leur vie à venir.

Pour agir, ils font, comme tout le monde, surtout confiance aux citoyens eux-mêmes, persuadés d’être acteurs, citoyens et responsables, mais aussi, et c’est un point qui les distingue significativement de leurs aînés, aux organismes internationaux (ONU, conférences mondiales...). Comme si cette génération, née dans la mondialisation et la globalisation, était d’emblée davantage consciente que certaines questions exigeaient une forme de gouvernance mondiale, naturelle, et pas nécessairement contradictoire avec les attentes souverainistes.


LA FRANCE, ILS L’AIMENT ET NE LA QUITTENT PAS

En effet, alors que leurs aînés semblent essentiellement aspirer à s’évader de la France et de leurs tracas, les 20-30 ans ont quant à eux des envies plus terre à terre, ancrées dans leur quotidien. Sollicités pour désigner les projets qu’ils souhaiteraient réaliser en 2013, ils se distinguent de leurs aînés en citant davantage « gagner un concours ou un examen » (11% vs 5%), « rencontrer l’âme sœur » (11% vs 9%), avoir un enfant (13% vs 4%), créer mon entreprise » (8% vs 4%)... C’est leur vie qu’ils semblent désirer construire ces prochaines années. Et ceci en France, car s’ils aimeraient, eux aussi, « faire un tour du monde » (17%), ils l’évoquent moins que les plus âgés (22%), qui souhaitent aussi davantage « partir vivre à l’étranger » (13% vs 10% pour les 20-30 ans).


...UNE GÉNÉRATION QUI VEUT CERTES POSITIVER... MAIS AUSSI FATIGUÉE ET INTERROGATIVE

Invités à sélectionner parmi une liste de films ceux qui illustrent le mieux leur année 2012, les plus jeunes, comme l’ensemble des Français, choisissent « À bout de souffle ». Et s’il fallait donner un titre à l’ensemble de l’année 2012, ils choisiraient, quel que soit leur âge, « et maintenant, on va où ? ». Des générations certes différentes donc, aux personnalités et tempéraments différents, mais qui vivent dans le même monde et partagent les mêmes symptômes et attentes.

*Alain Renaudin, est directeur du Pôle Corporate.de Mediaprism. Il a écrit cet article avec le concours du Pôle Opinion dirigé par Laurence Billot-David. Ce texte passe en revue 8 différentes études online réalisées par Mediaprism au cours de l’année 2012 auprès d’échantillons nationaux représentatifs de la population française selon la méthode des quotas. (Résultats extraits de sondages réalisés pour le compte du Laboratoire de l’Egalité, France Générosités, la Fondation de France, l’ORSE, ou directement pour Mediaprism à l’occasion de la conférence sociale ou du bilan 2012).
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