16 septembre 2018

Temps de lecture : 4 min

Entreprendre au féminin, des clichés à la réalité

Pour participer à la déconstruction d’un statut dans lequel la société les cantonne, pour gagner en autonomie, donner du sens à leur vie et trouver leur équilibre, les femmes bombent le torse et entreprennent. Coup d’œil sur les résultats de la dernière enquête Occurence x BNP Paribas, « L’entrepreneuriat au féminin ».

Pour participer à la déconstruction d’un statut dans lequel la société les cantonne, pour gagner en autonomie, donner du sens à leur vie et trouver leur équilibre, les femmes bombent le torse et entreprennent. Coup d’oeil sur les résultats de la dernière enquête Occurrence x BNP Paribas, « L’entrepreneuriat au féminin ».

Pour rendre compte de l’évolution de l’entrepreneuriat au féminin et mieux cerner les freins, motivations et perspectives d’avenir de ces créatrices, le cabinet d’études Occurrence et BNP Paribas -sous le haut marrainage de Marlène Shiappa, Secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre femmes et hommes- ont présenté leur dernière enquête réalisée en avril et mai 2018. Des données permettant de mieux visualiser les prochains leviers à activer pour une société entrepreneuriale toujours plus diversifiée et égalitaire.

La représentation genrée des métiers, une réalité

Comme INfluencia le soulignait il y a peu, la représentation genrée des métiers empêche les femmes d’envisager certaines carrières. Résultat : seulement 30% d’entre elles sont créatrices d’entreprises en France et 9% à la tête de start-up du numérique. Une absurdité tant sociale qu’économique quand on sait que le pays gagnerait 0,4% de croissance par an si les femmes créaient autant d’entreprises que les hommes, ce qui équivaudrait à plus de 1,9 million d’emplois sur 20 ans.

Selon cette étude, la majorité des entreprises créées par ces femmes sont axées sur les secteurs de service (34%) et d’action sociale (15%) avec un tout petit 2% dans la finance. « Il ne faut pas oublier que les femmes n’ont eu l’autorisation d’ouvrir un compte en banque qu’en 1965, c’est presque hier ! Et cela se traduit par une répartition des métiers encore très genrée avec les fonctions régaliennes de finance et tech d’un coté, puis les services de l’autre , analyse Celine Mas, associée du cabinet d’études Occurrence et Présidente de ONU Femmes France. Néanmoins, les initiatives portées par les associations, les réseaux professionnels et autres institutions se multiplient pour pallier à ces disparités et accompagner au mieux les femmes dans leur ambition entrepreneuriale.

43 ans, âge moyen des femmes entrepreneuses

Parlons peu parlons bien, qui sont ces femmes ? 60% d’entres elles sont d’anciennes salariées et leur âge moyen en France est de 43 ans. Si l’on a tendance à penser que la catégorie jeune pousse n’est réservée qu’aux 25-30 ans fraîchement sorties d’une école de commerce, que nenni ! En revanche, force est de constater que 90% de l’échantillon (810 femmes en France) ont fait des études supérieures (2ème et 3ème cycle universitaire). Et pour l’âge moyen de leur entreprise : 9 ans ! Des entreprises pérennes donc qui ont surmonté l’épreuve des 3 fameuses premières années décisives. En termes de répartition territoriale, encore un cliché à faire tomber : Paris ne concentre pas toutes les ressources entrepreneuriales : seulement 28% sont basés en Ile de France.

Entreprendre pour donner du sens

Pourquoi ont-elles choisi de se lancer dans la création d’une entreprise ? Pour se sentir plus autonome (46%), donner plus de sens à leur vie (28%), trouver une équilibre entre vie personnelle et professionnelle (22%), mettre à profit leurs compétences (20%) et enfin gagner plus d’argent oui… mais pour 11% seulement. Un chiffre qui justifie sûrement cette fameuse supputation normalisée associant carrière et réussite financière : « les femmes ont moins d’ambition que les hommes ». Un aspect financier qui est aussi le premier frein à la motivation de ces femmes puique 37% déclarent avoir eu peur de ne pas dégager assez de revenus et 30%, peur de l’échec financier pour l’entreprise, avant la peur de l’inconnu, le manque de confiance en soi et de compétences (environ 15% pour chacun d’eux).

Des difficultés à déléguer

En outre, ces entrepreneuses ont la forte volonté de gérer elle-même la fondation de « leur » empire de A à Z tenant même à le financer avec leurs propres économies pour 8 sur 10. Une situation qui n’est pourtant pas universelle : « dans les pays émergents, la situation s’inverse. Les femmes n’ont pas le choix car la pauvreté règne, et entreprendre devient une question de survie pour nourrir sa famille. Elles font donc aisément appel à des associations et organismes de financement. Le rapport à l’entrepreneuriat est donc extrêmement guidé par la fonction de nécessité comme Maslow la définit », explique Céline Mas.

Quant à l’utilisation d’un réseau professionnel d’accompagnement sur tous les plans, même besoin d’avoir tout sous contrôle : 73% ne font pas partie d’un réseau féminin et 53% n’ont aucun réseau quel qu’il soit. D’une manière générale, les relations de professionnelles des femmes entrepreneuses s’arrêtent à 50 personnes alors que celles des hommes grimpent à 72. Ceux-ci considérant le réseau comme élément majeur de tout business, là où pour les femmes, il ne constitue qu’un petit plus relationnel. Dans une étude, réalisée par le même cabinet en 2017, notait que 45% des femmes restaient dans l’opérationnel contre 35% des hommes ayant plus de facilité à déléguer. De même, un rapport émis par Harvard souligne que les femmes entrepreneuses misent davantage sur les compétences (80%) que sur l’ambition (20%). Un substrat culturel important influençant directement leur comportement.

Réseau professionnel : une nécessité

Pour Céline Mas, cette donnée est essentielle à la pérennité d’une entreprise. « Il y a ce qu’on peut appeler l’empilement des conséquences. On en parle dans les études de genres notamment. Le problème des femmes c’est qu’elles n’ont pas un seul problème, tout s’ajoute et forme des couches opaques. Prenons un exemple, vous êtes femme, noire, vivez loin d’un centre urbain, vous n’avez pas de réseau ni études supérieures au compteur et avez peu d’économies : voilà 6 couches au moins de difficultés. C’est un sujet passionnant notamment traité par l’ONU sous forme de rapport « traduire les objectifs de développement durable en action objectif 2030 », nous confie-t-elle « Un réseau professionnel c’est donc essentiel pour faire les bonnes rencontres, faire valoir ses idées et partager avec des avis parfois contraires. Et pour les femmes c’est aussi apprendre à se mettre en avant, une chose qui n’est pas toujours évidente ».

Franchir le pas, leur seul mot d’ordre

Continuer à accompagner les femmes dans leurs projets professionnels est donc plus qu’une nécessité. Dans la même veine que BNP Paribas, La Fondation Entreprendre, avec le soutien d’AXA France, démarre le 24 septembre la nouvelle édition du MOOC, « Des Elles pour financer son entreprise ». Un MOOC qui, en à peine un an, a déjà fédéré une communauté de 3 500 femmes entrepreneuses engagées autour et pour l’entrepreneuriat au féminin. Et si la fibre entrepreneuriale vous démange, sachez que 82% de vos futures consoeurs ont confiance dans l’avenir et qu’elles sont 40% à avoir donné comme seul et unique conseil de « franchir le pas ». Audace et passion sont bien les maîtres mots de ces ébullitions féminines professionnelles.

Infographies :  production « Observatoire BNP Paribas de l’Entrepreneuriat Féminin par Occurrence »

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