28 janvier 2018

Temps de lecture : 5 min

Apprendre à ne pas gâcher le potentiel des adolescents

Construire une société plus ouverte à autrui passe par des adolescents non pas rompus à l'exercice de pré-consommateurs et confinés à leur statut de boutonneux insignifiants. Mais par des jeunes auxquels on aura donné le temps de découvrir leur potentiel et d'avoir confiance en eux pour trouver leur voie. Parce que l'adolescence n'est bel et bien qu'un (mauvais) moment à passer, Soar fait brillamment passer le message. A eux, à leurs aînés... et on a envie d'ajouter : aux marketeurs de tous poils.

Construire une société plus ouverte à autrui passe par des adolescents non pas rompus à l’exercice de pré-consommateurs et confinés à leur statut de boutonneux insignifiants. Mais par des jeunes auxquels on aura donné le temps de découvrir leur potentiel et d’avoir confiance en eux pour trouver leur voie. Parce que l’adolescence n’est bel et bien qu’un (mauvais) moment à passer, Soar fait brillamment passer le message. A eux, à leurs aînés… et on a envie d’ajouter : aux marketeurs de tous poils.

Pendant qu’à coups répétés d’études chiffrées, de produits ciblés, de services adaptés ou d’accroches dragueuses, les marques, leurs agences, les réseaux sociaux (où l’inscription est théoriquement interdite aux moins de 13 ans) et autres médias tentent l’impossible pour faire entrer dans une case, séduire, capter l’attention… et fidéliser avant l’heure ceux profilés sous les termes marketing de millennials ou de Générations Y et Z, d’autres -face à cette kiddification forcenée- prennent fait et cause pour ces jeunes trop fantasmés en démontrant qu’ils ont leur libre arbitre. Tandis que certains encore plus pro actifs -parce que sur le terrain de la vie réelle et assez éloignés de ces objectifs mercantiles- mettent tout en œuvre pour les préserver. A l’instar de Soar, jeune association indépendante irlandaise (*), qui via sa plateforme aide plus particulièrement les 12-18 ans face à leurs fragilités, leurs difficultés, leurs ruptures, leurs doutes et leurs envies, en réinitialisant le dialogue, en les rassurant sur leur état si inconfortable : coincés entre l’enfant qu’ils ne sont plus et le jeune adulte seulement en devenir. Un saut dans l’inconnu souvent déboussolant parfois douloureux et effrayant, parfois vertigineux et qui apeure aussi, mais un passage obligé qui réclame du temps pour se construire et passer à autre chose. D’autant plus difficile qu’histoire de faire leurs propres expériences ou par esprit de contradiction, ces jeunes héros de la puberté se détournent souvent de leurs parents, pourtant LE « service après-vente » naturel et idoine qui ne manque pas de faire ses preuves dès qu’on le sollicite.

Au programme de Soar : un environnement sécurisé et encadrant, des entretiens, des sessions d’information ou de prévention et des ateliers de bien-être pour permettre à chaque adolescent de s’accepter en toute sérénité mais aussi pour explorer ses désirs ou tester ses défis. Un dispositif rassurant et porté par une campagne de communication conçue par l’agence Rothco. Réalisée par P.O.B.** (production : Motherland), la vidéo digitale montre des ados -garçons, filles- sous toutes leurs coutures, dans toutes les situations ou lieux de leur quotidien, seuls ou ensemble. Filmées sans fioritures les images s’enchaînent pendant 2 minutes sans heurts et sans tabous laissant la part belle à ces jeunes et à la bande son. S’égrenant entre poésie et slam et dit par l’une d’entre eux, le texte est rythmé par un aphorisme vertueux : « It’s just a phase » -Ce n’est qu’un moment. Pas forcément que mauvais…

Des adolescents, « étoiles du film dans toute leur authenticité »

Une mise en scène multi facettes et tout en finesse qui fait (re)glisser tout naturellement le spectateur -quel que soit son âge- dans les habits étriqués d’un.e junior. Donnant toute sa profondeur au propos, en deux temps : il n’y a pas plus ingrat que l’adolescence, période de toutes les émotions, rebellions ou doutes et oh combien déstabilisante. Mais pas de panique, c’est normal et on s’en sort, permettant même de révéler, dans les années qui suivent, tout son potentiel. A condition de ne pas se replier sur soi-même ni de se perdre en étant bien accompagné par des tiers qui y sont aussi passés et capables de leur donner le temps de parole et de grandir. « Peu importe votre genre, votre nationalité ou votre appartenance ethnique, chacun d’entre nous a été un adolescent et sait à quel point ces années sont dures. Ni plus un enfant, ni un adulte cherchant par tous les moyens sa place dans le monde », explique Stephen Rogers, Directeur de la création de Rothco « C’est tellement cruel que ces années les plus formatrices, où tout est possible, soient remplies de tant d’incertitude et d’anxiété. Et si on ajoute à cela la lutte pour se faire entendre des adultes alors que ses sentiments sont pris à la légère en raison de son âge, alors pas étonnant que tant d’adolescents n’aient pas confiance ».

C’est donc bien pour secouer la conscience des adultes autour de l’importance de cette période que « It’s just a phase » capture ces moments de vies d’adolescents que tout le monde devrait mieux considérer. C’est aussi dans ce but que le film transforme cette expression familière et un tantinet dédaigneuse en quelque chose de plus positif. Oui, être un adolescent est bien juste une étape, mais c’est une des phases les plus importantes dans la vie d’une personne, car c’est à ce moment que presque tout se décide. « Pour créer le film le plus authentique et réaliste possible, c’était vraiment important pour nous d’être au plus près des adolescents à chaque phase de la production » , complète Stephen Roger « Nous avons également organisé des groupes de discussions avec eux et participé à des réunions de discussions de Soar afin de nous immerger et de nous mettre dans leur peau et de percevoir ce qu’il y avait de négatif et positif en eux ». D’où le texte écrit par Kate Waters, CR à l’agence et dit par Holly Greeg qui n’est pas artiste et dont la voix est sans artifice et ingénue. Tout comme les autres participants ne sont pas non plus acteurs, car l’objectif était que les adolescents soient « les étoiles du film dans toute leur authenticité ». Le message est engagé voire politique mais nécessaire, car c’est seulement avec ces jeunes qui auront pu prendre le temps de découvrir le potentiel qui sommeille en eux, de s’instruire (comme en témoignent les scènes dans l’enceinte d’un établissement) ou de bâtir leur confiance qu’ils trouveront leur voie et qu’ils constitueront une société plus ouverte à autrui. Belle promesse. Dès lors, pas étonnant que 25000 jeunes y aient déjà eu recours. Un message également ardemment défendu par Boris Cyrulnik qui, récemment interrogé par Le Monde à l’occasion de ses événements O21/s’orienter au 21ème siècle, recommandait aux jeunes de ne pas se précipiter, de rêver, de voyager… car c’est ce qui peut les aider à mieux se (r)éveiller et à trouver leur voie. Suffisamment haut et clair pour tous ?   

* Créée en 2012 par Tony Griffin and Karl Swan, eux-mêmes inspirés de l’initiative de Jim Stynes and The Reach Foundation in Melbourne Australia et de son documentaire “ Every Heart Beats True : The Jim Stynes Story ”, Soar a été aussitôt récompensée par le Social Entrepreneurs Ireland Impact Award.
** Peter O’Brien

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