19 février 2017

Temps de lecture : 6 min

« La société civile est un vrai laboratoire de solutions »

Il est candidat à la présidentielle et a l’ambition d’offrir une alternative « hors système » Alexandre Jardin, le fondateur du mouvement Les Citoyens viendra expliquer ses motivations lors du prochain club Edouard VII (*) Il répond aux questions d’INfluencia.

Il est candidat à la présidentielle et a l’ambition d’offrir une alternative « hors système » Alexandre Jardin, le  fondateur du mouvement Les Citoyens viendra expliquer ses motivations lors du prochain club Edouard VII (*). Il répond aux questions d’INfluencia.

INfluencia : question très terre à terre mais cruciale, vous en êtes où de vos parrainages car pour se présenter il faut tout de même 500 signatures ?

Alexandre Jardin : la bonne nouvelle est qu’elles montent jour après jour et que les présidents des associations départementales, les maires ruraux… sont en train de se coordonner pour me les donner. Mais nous sommes dans un système verrouillé par les partis. La loi du 26 avril dernier dite de « modernisation » est une loi scélérate car elle oblige à publier les noms des parrains, et les partis se défendent en intimidant les élus locaux qui oseraient avoir le courage d’apporter leur parrainage à quelqu’un d’autre. J’espère qu’ils résisteront à ces menaces. Mais ce que je sais, c’est que dans le climat d’affaires actuel, nous sommes suivis aujourd’hui par des millions de gens sur les réseaux sociaux. C’est cohérent, plus il y a un rejet des candidats issus du système, plus les gens recherchent autre chose. Depuis quelques jours, nous constatons une accélération vertigineuse de notre mouvement : augmentation des dons, hausse du visionnage de nos vidéos, de plus en plus de citoyens viennent nous rejoindre, y compris de l’étranger. L’équipe de campagne de Justin Trudeau a proposé ses services.

INfluencia : vous êtes particulièrement pessimiste, vous dites : il y a urgence. Vous pensez vraiment que le pays va se révolter ?

AJ : oui, mais cette révolte, va t-on la laisser partir vers les extrêmes ? Ou au contraire proposer une révolte civique, républicaine, bienveillante et positive* ? Je parcours le pays depuis près de quatre ans et je vois monter la colère. Les gens ne veulent pas exister tous les cinq ans, ils veulent exister tout le temps. Ils n’en peuvent plus de ce système qui les oublie et qui les broie. Les politiques refusent d’entendre ce message. « Le rôle des citoyens », « le rôle des territoires » et « les gens qui font », sont les « trois grands absents » des débats. Je veux croire qu’il n’est pas trop tard et qu’on arrivera à changer les choses en redonnant le pouvoir aux gens, à ceux que j’appelle les « Faizeux ».

Pour guérir des difficultés de notre pays, nous disons  qu’il faut se prendre en main ! Le vrai carburant, ce sont les citoyens. L’exemple doit venir d’en bas, pas d’en haut. Ce sont eux qui fabriquent des solutions réelles. Depuis que je sillonne la France j’ai identifié des centaines de maires ruraux, de responsables associatifs, des chefs d’entreprise, des fonctionnaires. Tous de grands « faizeux » sans lesquels plus rien ne fonctionnerait depuis longtemps dans notre beau pays. Nous parions sur l’intelligence collective, sur le fait de prendre le pouvoir au centre et le donner aux citoyens et aux territoires. La société civile est un vrai laboratoire de solutions. Il existe dans notre pays une créativité formidable, des milliers d’initiatives et d’idées. Mais j’ai aussi vu les ravages de la déconnexion et du colbertisme. Tout se décide à Paris et l’État essaie toujours in fine de reprendre la main.

« Les gens ne veulent pas exister tous les cinq ans, ils veulent exister tout le temps »

Influencia : vous défendez l’action plutôt que la loi, les régions contre une capitale centralisatrice, vous demandez aux citoyens d’agir à la place des élites politiques : ça ressemble un peu à du populisme ?

AJ : non, le populisme est toujours issu de mauvais sentiments. Notre mouvement est fondamentalement altruiste et positif. Nous avions lancé en septembre dernier La Maison des citoyens http://www.lamaisondescitoyens.fr/ pour permettre à tous les Français qui ne comptent pas de compter, mais ce n’est pas suffisant. Il fallait aller plus loin et inventer ensemble une espérance politique. Lorsque le 3 décembre dernier, j’ai annoncé que je me portais candidat à l’élection présidentielle, j’ai alors indiqué que ce n’était pas pour prendre le pouvoir et le garder, mais pour le donner aux citoyens, aux territoires, à tous ceux qui agissent. Le système est en train de disjoncter.

Changer de politique ne suffit plus. Le fonctionnement de notre système pyramidal est en cause. Or aucun candidat ne met sincèrement au cœur de son projet le rôle des communes, des départements et des régions, celui des gens qui agissent et celui des citoyens. Pour eux, la France réelle est un décor, ceux qui agissent des anecdotes et les citoyens des électeurs, juste des électeurs, pas des acteurs. Nous, nous allons agir concrètement en changeant de méthode : ne pas venir avec des solutions toutes faites conçues à Paris, mais les co-construire avec tous les citoyens et nos territoires.

Influencia : quelles sont les grandes lignes de votre programme ?

AJ : le mouvement Les Citoyens propose un programme particulier qui s’articule autour de 3 axes : une méthode, un cadre et un outil collaboratif. La méthode va nous permettre de construire le programme de manière pertinente et sécurisante, le cadre de poser sa structure et l’outil d’animer les discussions et de le réaliser. Ma candidature est un changement de méthode qui repose sur cinq piliers : créer des processus pour que des solutions émergent, associer professionnels et citoyens à la construction des solutions, partir du réel, de ce qui a été expérimenté et marche quelque part, s’appuyer sur 4 valeurs communes pour cimenter notre nation : diversité ; bienveillance ; refus de toute injustice ou privilège ; promouvoir le français, notre langue commune, avoir un Président qui préside, ni chef de gouvernement, ni de l’Assemblée Nationale.

Le programme est organisé en quatre thèmes : donner du pouvoir aux territoires ; permettre de passer à une démocratie citoyenne politique et économique ; lancer de grands programmes citoyens à partir des expériences réussies et recentrer l’État pour lui redonner une vraie force.

Influencia : et concrètement, tout cela va se traduire par… ?

AJ : nous allons annoncer en mars des mesures très concrètes, qui dès le 1er septembre vont impacter immédiatement la réalité de la vie quotidienne des Français. Un exemple concret : il y a actuellement trois millions de gens en état de fragilité bancaire. Or, sans compte bancaire, vous êtes condamné à une forme de mort sociale. Pourtant l’Etat donne aujourd’hui 200 millions à la Banque postale au titre de l’accessibilité bancaire, mais cela ne marche pas. Si nous affectons simplement 60 millions d’euros à l’achat de trois millions de comptes Nickel qui sont distribués chez les buralistes, nous réglons le problème et économisons 140 millions d’euros.

Autre exemple : celui des Centres de Formation des Apprentis qui ont un tiers de places vacantes. Notre système scolaire fait tout pour que les jeunes n’y aillent pas. Je suis donc en train de tester à Roubaix un rapprochement entre le CFA et l’Agence pour l’éducation par le sport, l’idée étant de nous appuyer sur des coachs sportifs pour faire venir des jeunes dans ce CFA.

                 Le WikiCitoyen d’Alexandre Jardin

« Wikipedia est l’encyclopédie qui a été écrite par tous les citoyens du monde. Avec le WikiCitoyen, tous les Françaises et Français vont écrire le programme de leur pays » : l’écrivain et candidat a décidé de donner la parole à nos concitoyens. Dans un premier temps, il s’agit de faire remonter tous les problèmes sur l’ensemble des thèmes du WikiCitoyen et les minimums à rétablir (sociaux, éducation, santé, sécurité, etc.), puis à voter pour la pertinence de chacun d’eux. Puis dans une deuxième étape, il demandera aux « Faizeux » et à tous les citoyens qui se sentent concernés de proposer des solutions à ces problèmes.Enfin, ces solutions seront soumises au vote en vue d’une intégration dans le programme final du mouvement Les Citoyens.

* Créé en 2009 par deux entrepreneurs, Bruno Ennochi et Stéphane Attal,  le club  Edouard VII réunit aujourd’hui 1 000 dirigeants de PME. Parmi ses partenaires : INfluencia, l’Opinion, les Editions de l’Avant-Scène, le cabinet Expertise et Conseil, myconcierge.fr. Le principe est simple : une adhésion annuelle de 700 € HT (840 € HT) permet la participation aux petits déjeuners /débats mensuels, la possibilité d’inviter une personne à chaque petit déjeuner/débats, et d’avoir accès aux autres activités du club. Chaque invité devra s’abonner pour revenir. Enfin, il est possible de constituer une table en invitant ses propres clients pour 500€ par petit déjeuner. Pour s’inscrire, c’est ici. Prochain rendez-vous, le mercredi 22 mars, avec Alexis de Gemini, CEO France de Deezer.

** « Révoltons nous », chez Robert Laffont

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