16 octobre 2018

Temps de lecture : 4 min

Le continent africain, nouvel eldorado du tourisme ?

Avec 62 millions de touristes internationaux venus visiter le continent africain en 2017, l’Afrique se place désormais au rang des destinations touristiques qui commencent à compter. Les principaux groupes hôteliers ne s’y trompent pas. Ils investissent et ils le font sur la durée.

Avec 62 millions de touristes internationaux venus visiter le continent africain en 2017, l’Afrique se place désormais au rang des destinations touristiques qui commencent à compter. Les principaux groupes hôteliers ne s’y trompent pas. Ils investissent et ils le font sur la durée.

Les chiffres sont là pour le confirmer : selon l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) le tourisme international devrait croître sur le continent africain de 5 % en 2018 après une hausse de 8 % en 2017. Sans surprise, le Maroc est la destination touristique la plus prisée avec plus de 11 millions de visiteurs mais le pays est rattrapé par l’Afrique du Sud qui vient de franchir le seuil symbolique des 10 millions de visiteurs. Suivent l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie. Les voyants sont au vert pour l’Afrique de l’Est, notamment pour le Zimbabwe (qui a accueilli près de 2,5 millions de visiteurs cette année), le Mozambique, l’Ouganda. Les tours operateurs le constatent, l’intérêt pour l’Afrique ne cesse de grandir : « ce sont les destinations africaines qui ont la plus forte croissance au sein du groupe Voyageurs du Monde », avait déclaré Jean-François Rial, pdg du groupe Voyageurs du Monde à l’AFP lors du dernier Salon du Tourisme à Paris. Un salon qui avait vu l’arrivée en force et pour la première fois du Tchad, de la Mauritanie et du Botswana venus dans le but de séduire les voyagistes français.

 Une offre hôtelière qui se diversifie

Au tourisme d’affaires s’ajoute le tourisme privé et désormais un tourisme domestique (ce dernier notamment au Kenya) au fur et à mesure de la montée des classes moyennes urbaines africaines. Il ne faut donc pas s’étonner de voir les principaux groupes hôteliers internationaux consentir de lourds investissements sur ce continent qu’ils voient comme un futur relais de croissance. Lors du dernier African Hotel Investment Forum (AHIF) qui vient de se tenir à Nairobi (2-4 octobre 2018), Tom Mundy, Head of Research, JLL sub-Saharan Africa, a souligné le dynamisme du marché de l’hôtellerie en Afrique, estimant à 1,7 Md$ le montant de l’investissement dans de secteur en 2019 : « Des projets de qualité, dans des villes ou sites à potentiel continuent à attirer les investisseurs », constate-t-il et il souligne le besoin croissant en offres touristiques et d’hébergements larges et diversifiées, du luxe aux enseignes plus économiques, en passant par le milieu de gamme, depuis le 5 étoiles jusqu’au resort et la résidence hôtelière.

D’ici à 2022, le groupe suédois Radisson Hotel Group prévoit de détenir un parc de 130 hôtels et 23 000 chambres en Afrique. Le groupe AccorHotels qui détient un parc de 150 hôtels (27 000 chambres) dans 13 pays du continent africains sous différentes marques (du Fairmont à l’Ibis en passant par Pullman) compte le faire grandir à 250 hôtels d’ici à 2025 et en accroître sa présence en Afrique de l’Est et du Sud. En trois mois de temps, il vient d’annoncer une prise de participation de 50 % dans le groupe sud-africain Mantis, le rachat de Mövenpick Hotels & Resorts avec ses hôtels en Afrique et un rapprochement avec le groupe quatari Katara Hospitality. Au forum AHIF de Nairobi, Mark Willis, ceo AccorHotels Middle East & Africa a souligné la volonté du groupe de se rapprocher de partenaires locaux qui lui apporteraient un supplément d’expertise et la connaissance des marchés locaux. L’enseigne locale trois étoiles Onomo se développe en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Sud tandis que City Lodge, avec le même positionnement, poursuit son développement entamé déjà depuis plusieurs années. Des petites marques régionales comme Urban et City Blue ambitionnent également de prendre des parts de marché.

 Et voilà Airbnb

Airbnb n’est pas en reste. Il vient de célébrer son tout premier African Travel Summit réunissant des acteurs innovants du tourisme pour discuter de la manière dont la technologie pouvait être utilisée pour accélérer une croissance économique et durable grâce au voyage à travers le continent africain. La plateforme y a souligné la croissance rapide de la communauté en Afrique et notamment en Afrique du Sud mais également au Nigeria, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Algérie, au Mozambique, en Égypte et au Zimbabwe, pays qui ont vu le nombre d’arrivées voyageurs sur Airbnb plus que doubler au cours des douze derniers mois (à juillet 2018). Elle a indiqué avoir enregistré à mi-juillet 2018 plus de 3,5 millions d’arrivées voyageurs sur Airbnb à travers l’Afrique, dont environ la moitié au cours des douze derniers mois. Son arrivée sur l’île Maurice a déjà rendu le marché plus compétitif comme le souligne la dernière étude de PricewaterhouseCoopers (PwC), « Idées africaines, perspectives d’hôtels 2017-2021 : Afrique du Sud, Nigeria, île Maurice, Kenya, Tanzanie ».

 Un investissement à long terme

Compte tenu des spécificités politiques et économiques des pays africains et de l’hétérogénéité de leur vitesse de développement et du niveau des infrastructures, investir en Afrique exige un engagement sur le long terme. Le groupe Hilton, présent en Afrique depuis 1959, voit dans le continent africain un marché dynamique à fort potentiel et compte 53 établissements en développement. D’ici à cinq ans, il devrait doubler sa présence sur le continent en s’implantant sur de nouveaux marchés, comme le Botswana, le Ghana, le Swaziland, l’Ouganda, le Malawi et le Rwanda. Il a annoncé à Nairobi un investissement de 1 Md$ pour soutenir le tourisme durable en Afrique : « Nous poursuivons notre développement sur ce continent en nous attachant à le faire d’une manière qui soutient le tourisme durable. Nous passons aujourd’hui à la vitesse supérieure, avec un premier engagement financier à hauteur de 1 million de dollars qui vise à soutenir des initiatives en faveur de la formation des jeunes, de la prévention de la traite d’être humains, de l’inclusion des acteurs locaux dans notre chaîne de valeur, d’amélioration de notre impact sur la consommation d’eau et de la promotion d’un tourisme responsable et respectueux des environnements locaux », a expliqué Chris Nassetta, Président et Ceo de Hilton. Le groupe AccorHotels soutient également le développement durable. Le groupe hôtelier a annoncé en juillet 2018 la création d’un Fonds d’investissement d’un milliard de dollars pour soutenir le développement durable en Afrique sub-saharienne.

Aux gouvernements maintenant de jouer la carte des infrastructures et de la transparence, d’assurer sécurité et sûreté pour assurer un développement rapide d’un secteur apporteur de nouvelles ressources économiques. Déjà, plusieurs pays ont mis en place des mesures incitatives. Avec moins de 90 hôtels par million d’habitants, il y a de la place pour tous les opérateurs. A eux d’offrir les solutions qui s’adaptent aux attentes des touristes mais aussi à la modernité africaine.

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