28 mai 2020

Temps de lecture : 5 min

Le coup de gueule de Clémentine Lalande, CEO de Once Dating

Centralienne, Clémentine Lalande est à 37 ans CEO de Once Dating. Elle a fondé une application de rencontre féministe, nommée Pickable en 2018, qui a été distinguée par Apple, compte 2 millions d’utilisateurs et a été revendue à Once. Par ici le coup de gueule d'une jeune femme qui dit non à la grande distrib du dating.

Centralienne, Clémentine Lalande est à 37 ans CEO de Once Dating. Elle a fondé une application de rencontre féministe, nommée Pickable en 2018, qui a été distinguée par Apple, compte 2 millions d’utilisateurs et a été revendue à Once.  Par ici le coup de gueule d’une  jeune femme qui dit non à la grande distrib du dating.

Et si la crise du COVID-19 était une opportunité pour repenser notre approche du dating et de la rencontre amoureuse ? Depuis le début de la crise du COVID-19, pour les célibataires, c’est la « double peine ». Un peu partout dans les media féminin ou lifestyle, on commente ce décalage (« Confiné tout seul » ? « Seul et distancié socialement, on fait comment ? » !?), on s’en amuse parfois, on se gratte la tête souvent. Recommencer à dater ou attendre ? Et où se voit-on ? Entre les bars, restaurants, parcs fermés, il nous reste les supérettes et les petits musées ? Les cafés vont réouvrir, ouf ! Masque, pas masque ? Quand est-ce qu’on demande le statut COVID ?

On ne se rencontrera plus pareil dans le monde d’après.

Ces ajustements tactiques vont nous faire turbiner quelques semaines. Mais ce n’est pas le vrai débat. Qu’ils se soient confinés seuls, avec leur rencontre pré-confinement, qu’ils aient vécu une corona-romance ou pas pendant le confinement, les célibataires savent déjà depuis 2 mois que la crise de COVID-19 annonce un bouleversement de taille : on ne se rencontrera plus pareil dans le monde d’après.

Prendre le temps. Et faire le tri.

Echanger des monosyllabes à 13h, avant de se précipiter dans un bar à 18h pour se sauter dessus à 19h41, avoir pris un café ou verre pendant lequel on aura peut-être swipé en cachette pour préparer son date de demain… c’est TELLEMENT 2019. C’est mécanique. Les règles de distanciation sociale, la fermeture des espaces, et le climat général font qu’en moyenne, on se rencontrera un peu moins. Moins spontanément, moins facilement. Frustrant ? Perte d’opportunité ? Regardons plutôt le verre à moitié plein.

L’amour, l’autre, font partie des besoins essentiels

En mode distanciation sociale (possiblement jusqu’à fin 2022, par phase, selon une étude de Harvard…), d’une part, on VEUT continuer à se rencontrer. En temps de crise aiguë, l’amour, la rencontre amoureuse, la recherche d’un partenaire, font partie des besoins fondamentaux. Juste après avoir un toit sur la tête, de quoi manger, et du papier toilette visiblement. C’est la pyramide de Maslow, c’est normal et c’est sain. D’autre part, on sera forcément plus sélectifs. Consciemment ou pas. On fera le tri entre les applis, on écrèmera nos listes de matchs. Pour ne rencontrer physiquement que ceux ou celles qui « valent » vraiment le coup. Comme Louisa me l’expliquait sur mon podcast, le confinement a été une occasion pour elle de faire le tri. «Je ne veux plus me disperser avec ceux qui n’en valent pas la peine »

Sortir de l’injonction de performance à tout prix

Et surtout, on prendra d’avantage le temps de se découvrir. Faire connaissance, en ligne, avant de se voir en vrai. Prendre le temps de s’étonner, prendre le temps de décider si l’autre pourrait avoir une place dans notre vie ? Le temps du binge-dating, où on « verra bien en vrai », n’est plus d’actualité. 56% des utilisateurs de Once qu’on a interrogés1 disent qu’ils comptent « passer plus temps à se découvrir en ligne avant de se croiser en vrai ». Judith Duportail, autrice de L’Amour sous algorithme s’en réjouit plutôt : « Plus question de se rencontrer au bout de deux messages, de s’emballer à la fin de la première pinte et de juger si l’autre mérite une vraie place dans notre vie en quelques heures. Ce qui peut nous pousser à enfin pouvoir faire quelque chose qui manque cruellement dans le dating : apprendre à connaître les gens, doucement, tranquillement, avant de les foutre dans une case ‘plan cul’; ‘boyfriend material’; ‘pas assez bien pour moi ». La fin de la date jetable ?

Le retour de l’amour courtois – en version masquée ?

Vous le sentez venir le bol d’air ? Parce qu’au-delà du possible gain en qualité (qu’il faut encore prouver), si on prenait vraiment notre temps en dating, on va aussi peut-être pouvoir un peu se détendre. C’est tout un système d’injonction à la performance de l’amour qui pourrait être déboulonné. Enchainer les dates, les crushs, les tableaux de chasse, coucher, performer, … « Avoir quelqu’un » en ce moment. Le confinement et la faille spatio-temporelle qu’il a créée ont eu cet avantage – il en faut bien un – de nous détendre sur nos obligations sociales, qui sont autant de cases à cocher, de diners à assurer, d’apparence à soigner, de teufs à ne pas rater, comme c’est raconté avec beaucoup d’humour dans le podcast des Gentilshommes. Pour les célibataires qui doivent déjà se farcir les injonctions du Nouvel An, du Love Sunday, de la Saint Valentin, des samedis soirs, des bouquets de la mariée, du Summer love, et autres insupportables rendez-vous de la séduction… vous reprendrez bien un peu moins de pression ?

Réinventer les codes des applis.

Certains ont dit qu’on allait enterrer la « hook-up culture ». Alors spoiler, Tinder n’est pas mort. Au contraire, le groupe a même communiqué au mois d’Avril sur un record absolu du nombre de swipe en un jour sur sa plateforme.
Et puis toujours faire confiance à IAC (la giga-maison mère de Tinder, Meetic, Match, Disons Demain, Plenty of Fish, Hinge… et à peu près 150 marques de dating) pour avoir de bonnes idées. Nos chers amis de Tinder ont par exemple débloqué mi-mars une des fonctionnalités payantes, le « Passeport » qui permet de choisir la ville où vous utilisez Tinder, et donc de matcher avec un autre utilisateur au bout du monde. Super idée ! Ah non. Témoignage d’un utilisateur qu’on appellera B., qui était confiné seul à Paris : « Mon expérience, c’est que le monde entier a l’air d’avoir choisi « Paris, l’amour » sur Tinder. Résultat, je passe mes soirées à chatter avec des Ouzbèkes ou des Bulgares, c’est random. La période n’est pas facile, mais là j’avoue ça vire au grand n’importe quoi ». Hier, Tinder a annoncé qu’ils poussaient l’expérience plus loin, et allaient tester un mode « global ». Apparemment, se rencontrer pour de vrai, ce n’est plus l’objectif ? Je suis perplexe.

Un tiers des célibataires convaincus que la distanciation sociale va radicalement changer la rencontre

Il faut urgemment que les applications de rencontre se remettent en question et réinventent les codes de la rencontre en ligne. Le swipe à outrance, l’abondance de choix, la surabondance de match-like-crush-chat-notifications ne sera pas la réponse adéquate à la recherche de l’amour au temps du COVID-19. Un tiers des célibataires sont convaincus que la distanciation sociale va radicalement changer leur façon de faire des rencontres. Chez Once on a inventé le slow-dating, et on choisit pour vous un match par jour. On a aussi été les premiers à lancer la rencontre live-vidéo, qui permet de franchir des étapes de découverte, sans prendre de risque pour soi et pour les autres. Et on a encore beaucoup d’innovations dans les cartons.

Je vous souhaite personnellement de pouvoir avoir des conversations à la hauteur de vos circonstances, avec des gens qui vous émeuvent. Vous méritez de belles histoires, surtout en ce moment.

1. Etude Once menée du 21 au 25 mai 2020 sur 4296 utilisateurs en Europe.

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