3 octobre 2017

Temps de lecture : 3 min

Strava, l’application qui veut passer du local au global

Devenue en presque dix ans le réseau social de référence pour les cyclistes passionnées qui veulent se tirer la bourre à distance, l'application Strava veut agrandir sa niche communautaire, toujours sans s'ouvrir à la pub. Son modèle économique passe par la data, comme pour beaucoup d'autres applications sommées de passer un cap financier.

Devenue en presque dix ans le réseau social de référence pour les cyclistes passionnées qui veulent se tirer la bourre à distance, l’application Strava veut agrandir sa niche communautaire, toujours sans s’ouvrir à la pub. Son modèle économique passe par la data, comme pour beaucoup d’autres applications sommées de passer un cap financier.

Sur le marché des applications sociales, l’heure est aux niches, à la réponse des besoins spécifiques d’utilisateurs en demande de communautés d’intérêts de plus en plus restreintes. Devenu une référence pour les sportifs amateurs accrocs à la comparaison et l’émulation du partage de performances athlétiques, le réseau social Strava, crée en 2009 à San Francisco, prend désormais le pari du chemin inverse à la tendance actuelle: fidéliser avec la nasse dans une approche locale pour se développer par des outils de masse afin de devenir plus globale. Malgré ses 140 salariés, Strava, qui a débauché son niveau CEO chez Instagram, n’est pas encore entrée dans le cercle prisé des start-up générant des profits. Est-ce parce que l’application californienne refuse toujours la pub ?

Et oui, se développer sans le moindre centime de revenu publicitaire est encore possible pour un réseau social lorsqu’il est capable de compenser avec une source de monétisation encore plus précieuse et fiable: la data. Quand vous fédérez comme Strava une communauté loyale de passionnés de plusieurs dizaines de millions d’accrocs qui ne partent plus suer sur un vélo sans leur appli favorite, vous pouvez vous permettre de snober la pub. « Nous n’envisageons pas de nous y ouvrir à moyen terme. Elle exige des critères d’expérience utilisateur à une échelle qui n’est pas encore la notre. Notre modèle économique passera par d’autres sources de revenus, comme par exemple les souscriptions premium. Ou bien les ventes de données agrégées et rendues anonymes aux services de transport de villes souhaitant améliorer les tracés urbains des pistes cyclables », explique à Recode James Quarles.

Auto-défini comme un réseau social pour tous les sportifs, Strava, qui a levé presque 70 millions d’euros depuis ses débuts, s’est principalement développé dans la communauté des cyclistes. Comme Facebook il fonctionne via une application mobile ou son site web. Après s’être crée un profil, l’utilisateur peut enregistrer le parcours de toutes ses sorties quelle que soit sa discipline. Comment ? Tout simplement à travers un traceur GPS dont il transfère les données (nombres d’heures passées à pédaler, distance parcourue, records personnels par segments ou portons de routes créées par soi même ou sa communauté etc…) sur Strava via son smartphone. Parfait pour évaluer ses performances et se tirer la bourre à distance avec les « amis » de son réseau.

Un marché segmenté qui ne profite qu’aux gros

Sur Strava les « kudos » remplacent les « like » et l’intérêt premier et addictif est de posséder le record sur tel ou tel segment pour glaner un KOM (King of the mountain) si vous êtes un homme ou un QOM (Queen of the mountain) si vous êtes du Beau sexe. La finalité est d’aller au bout de ses limites, faisant de Strava un réseau de vrais mordus ultra actifs. Sportif du dimanche qui veut réveiller ses muscles endormis s’abstenir. Mais puisque le millennial urbain ultra connecté – partisan presque militant de l’esprit sain dans un corps sain – passe de plus en plus de temps à transpirer en faisant du sport, la start-up de San Francisco veut logiquement s’inviter dans les clubs de gym et les salles de fitness, où son application est encore mal connue. Strava veut devenir la référence de tous les athlètes passionnés, pas seulement des amoureux de la petite reine.

Pourquoi ne pas rester super restreint ? La question se pose pour énormément d’applications qui veulent franchir un cap économique. « Les données en notre possession disent que 56% des sportifs exercent en indoor, contre 33% en extérieur et avec un traceur GPS. Cette activité intérieure peut être à la maison, dans un studio ou une salle de sport et on doit aussi être présent pour ces sportifs là », résume James Quarles, qui va très vite élargir le champ des posts possible sur l’appli. Pour le CEO, passé par Facebook avant de rejoindre Instagram, il y a clairement de la place pour de nouvelles applis sur le marché des applis: « Quand j’ouvre Facebook c’est pour partager des photos de mes enfants avec ma famille, quand j’ouvre Instagram c’est quand je suis en voyage, quand je vais sur Twitter c’est pour avoir aller plus vite que CNN pour suivre l’actualité chaude. Quand je cours, que je nage ou que je suis sur un vélo, si je cherche des conseils pour rester actif j’ouvre Strava ». Le marché se segmente donc en spécialistes alors que sa croissance globale ne profite qu’à une minoirité d’applications. Une récente étude d’App Annie publiée par Business Insider assure que si le temps passé par le mobinaute sur ses applis a augmenté de 50% en 2016, 90% de ce temps est concentré sur les cinq principales applis de l’utilisateur.

 

 

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