9 février 2020

Temps de lecture : 4 min

Les meilleurs partent toujours les premiers

Le talent est à la fois la valeur la plus précieuse et la plus négligée de notre industrie. Il était temps qu’il reprenne le pouvoir.

Le talent est à la fois la valeur la plus précieuse et la plus négligée de notre industrie. Il était temps qu’il reprenne le pouvoir.

Si vous dirigez une agence, d’après une étude Linkedin, un tiers de vos employés sont actuellement en train de chercher un autre travail. Tous les ans, le turnover des agences augmente 10% plus vite que celui des industries comparables. Les budgets s’érodent, de nouveaux acteurs réorientent les investissements des clients, il faut faire “plus pour moins” les compétitions sont de plus en plus acharnées pour rattraper les baisses structurelles d’honoraires. En juillet dernier Mercedes Erra faisait ce constat avec grand bruit. Depuis, rien n’a changé.

BREAKING: Ad Business So Fucked Up According To Pretty Much Everyone In The Ad Business
— ADWEAK (@adweak) November 8, 2019

Et dans ce marché en contraction, la variable d’ajustement est l’humain. Aujourd’hui, les agences qui ne remettent pas leur modèle en question survivent sur leur capacité à faire travailler des jeunes gens surqualifiés à des horaires indécents pour des salaires plus bas que la normale.

Le problème, un #metoopub plus tard, quelques années d’augmentations gelées plus tard, quelques burnouts plus tard, c’est qu’elles n’ont plus assez de “cool” ni de “fun” à offrir en échange.

 Le rapport de pouvoir s’inverse

Alors les talents quittent le navire. Pour beaucoup, ils ne vont pas bien loin. Chez les annonceurs, “in-house”, les cabinets de conseil ou les GAFA, qui sont en train d’attirer les meilleurs talents en leur offrant la flexibilité, les compensations, l’équilibre qu’ils ne trouvent pas dans un secteur qui arrive en dernier ou avant dernier sur l’équilibre vie pro/vie perso, les perspectives de carrière, et les avantages offerts aux employés.

C’est une bataille vitale. Dans ce que le BCG appelle la “crise globale de la main d’oeuvre”, le cabinet a identifié que d’ici 2030, la pénurie de talents dans la plupart des économies coûtera près de 10 000 milliards de dollars et mènera les entreprises à se battre pour accéder à des talents devenus plus inaccessibles que jamais. En bref, les talents sont en train de reprendre le pouvoir.

La lame de fond du freelance

Mais parmi tous ces mouvements, le plus intéressant à nos yeux est celui du freelance. D’ici 10 ans, 50% de la main d’oeuvre aux Etats-Unis sera en freelance. En France, le freelance a augmenté de 145% en 10 ans : ils sont près d’un million. La moitié a au moins un Master, la moitié travaille dans les industries créatives, 90% ont choisi le freelance. Le freelance n’est plus un choix par défaut, un plan B dans l’attente d’un “vrai job”. Il devient la réponse d’une génération de personnes talentueuses qui font le pari de l’incertitude parce qu’ils réalisent qu’ils peuvent mieux valoriser leurs compétences en tant qu’indépendants, reprendre le contrôle sur leur temps, développer leurs projets personnels. Des personnes donc à la fois expertes, curieuses, audacieuses et autonomes. Le rêve de toute entreprise. Seulement, ils n’appartiendront à aucune.

En face, des entreprises qui voient de moins en moins les freelances comme un moyen de combler un manque passager de “bande passante”, et de plus en plus comme ce qu’ils sont : de l’expertise pure, en direct, sans la lourdeur d’un process classique. Plusieurs entreprises du CAC 40 ont plus de doublé leur recours au freelance dans l’année écoulée. Elles ont réalisé que ce mode de travail leur permettait d’accélérer et de tester leurs processus d’innovation et de transformation avec des talents extérieurs, qui apportent un regard neuf, en collaboration avec les équipes internes qui elles possèdent l’historique et la compréhension des enjeux.

Le futur du freelance sera donc merveilleux ?

Non. Du moins, pas encore. Comme dans tous les marchés où l’offre explose, la compétition fait rage. Il n’y a qu’à taper “Freelance Paris” dans Google et cliquer sur le premier lien sponsorisé pour s’en rendre compte. Tous les profils sont mis en concurrence alors que leurs expertises sont incomparables et que leurs tarifs varient du simple au quintuple. On choisit son freelance comme on choisirait un hôtel : combien d’étoiles ? quel prix ? quelle photo ? Tout cela tire la valeur, leur valeur, vers le bas. La guerre de tous contre tous risque de mener à la précarisation des freelances, mis en compétition et payés en-dessous de leur valeur.

Comment éviter cette situation ? Il n’y a pour nous qu’une réponse, et c’est celle qui nous fait nous lever le matin. Il faut créer unir les freelances pour les rendre plus forts. Identifier les meilleurs talents  —  et par meilleurs nous entendons également toutes les personnes bourrées de talent qui ne sont pas rentrées dans le moule du monde du travail et des agences car pas assez cool, pas assez jeunes, pas assez blanches, pas assez hommes, trop enceintes — et leur donner une voix, une protection, des opportunités qu’elles n’auraient pas eues seules.

C’est pour cela que nous avons créé acracy

L’acratie se caractérise par l’absence de domination et d’exploitation économique, la liberté de chacun pour le bien de tous. L’acratie, c’est le modèle du travail de demain, où des travailleurs indépendants, libres et ultra-qualifiés viendront créer un contre-pouvoir que nous voulons aider à développer.  Nous sommes en train de créer un collectif d’esprits brillants et hors-normes à travers toute l’Europe. Des créatifs, stratèges, designers, réalisateurs, illustrateurs, producteurs, social media managers, des ethnographes et tant d’autres qui ont choisi le freelance pour vivre comme ils l’entendent. Des personnes qui chaque jour nous impressionnent par leur créativité, leur audace, leur lucidité et, toujours, leur passion renouvelée pour leur métier.

Nous commençons par le début : connecter les entreprises avec les freelances dont elles ont besoin en moins de 48h. Le temps passé à chercher des clients est la première difficulté exprimée par les travailleurs indépendants. Voilà pourquoi c’est notre priorité. De cette promesse vient aussi le principal défi d’acracy. Un défi technologique. Réussir à identifier pour chaque brief le meilleur match parmi notre communauté pour y répondre en quelques instants. Pas seulement en fonction de leurs compétences ou de leurs expériences mais aussi de leurs “soft skills” qui font toute la valeur de nos métiers.

Et puis, un par un, nous nous attaquerons aux autres défis du freelance. Le temps de paiement, les difficultés à se loger, l’envie de continuer à apprendre et de collaborer avec d’autres personnes. A terme, nous voulons réussir un double pari : prouver aux entreprises comme aux talents que le freelance est une opportunité. Pour les entreprises parce que, dans les bonnes conditions, le recours aux freelances peut faire bouger les lignes. Pour les talents parce qu’il peut offrir des conditions formidables d’apprentissage, d’enrichissement et d’équilibre.

 Freelances, rejoignez-nous. Entreprises, venez voir ce dont les freelances sont capables.

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