22 janvier 2014

Temps de lecture : 4 min

Le drone : ce drôle de bourdon

Début décembre, Jeff Bezos, le PDG d'Amazon, créait le buzz en annonçant la livraison de colis par la voie des airs grâce à un ambassadeur inattendu : le drone. Avec ce coup médiatique orchestré par l'entreprise américaine, l'industrie du drone, en cours de réglementation en france, s'offre de belles perspectives.

Réservé au domaine militaire il y a encore quelques années, le drone s’offre une reconversion réussie dans le domaine civil. Parce qu’il propose une prise de vue exceptionnelle, plus besoin d’ une super production hollywoodienne pour regarder des images à couper le souffle. Festival, promotion d’une région ou simple évènement d’entreprise… tout le monde succombe aux charmes de cet objet volant.

Un jouet pour les grands enfants

Le drone a quelque chose d’enfantin. Lorsqu’on a la chance d’en croiser un, impossible de ne pas s’arrêter quelques instants pour admirer cet engin sorti tout droit d’un film d’espionnage. Et parce qu’il nous rappelle nos premières voitures téléguidées, l’envie de jouer aux apprentis super héros n’est jamais bien loin. Fondateur, avec Matthieu Blaise, de la société Locadrone, spécialiste de la location de drone, Grégoire Tiberghien confirme l’attrait de l’objet volant :  » Il y a un vrai côté festif avec les drones. On sort véritablement des sentiers battus par rapport aux captations traditionnelles et bien souvent le résultat conforte notre idée de l’utiliser ». Comme la GoPro, le drone permet d’obtenir des points de vue à couper le souffle. Ainsi, il y a quelques jours, Eric Sterman, photographe aérien, a filmé une session de surf à Hawaï. Ce type de procédé, qui peut se percher au-dessus des vagues, permet de mieux se rendre compte de leur puissance et du défi relevé par les surfeurs.

C’est pourquoi les entreprises se tournent de plus en plus vers la location de drone pour valoriser tout type d’évènement et générer du buzz. D’autant que son coût est dérisoire comparé à la location d’un hélicoptère, qui offre exactement le même type de prises de vue.  » Pour un particulier, la location est d’environ 750 € la journée. Pour une entreprise qui souhaite immortaliser un évènement comme filmer un festival, ou survoler une zone bien précise, le montant oscille entre 2 000 et 2 500 € par jour, soit la même somme que celle nécessaire pour un tournage ordinaire , » argumente Grégoire Tiberghien.

Un secteur en forte croissance

Le carnet de commandes de Locadrone, lancé il y a tout juste un an,  explose avec, déjà quelque 300 clients et un CA qui double tous les 2 mois. Un engouement qu’il doit aussi à l’effet « saisonnalité  » et qui multiplie les prises de vues :  » l’avantage que nous avons avec le drone, c’est que nous pouvons réaliser des prises de vues tout au long de l’année. En hiver, les stations de ski font appel à nous pour des compétitions ou la promotion de leur domaine. En été, nous survolons les plages pour concevoir des offres commerciales, comme une croisière en bateau. Il n’y a rien de mieux que le drone pour faire apprécier la beauté des paysages ».  Les deux compères souhaitent augmenter le parc de drones et se poser comme des références en la matière, tel Ouranos le dieu du ciel.

Cependant, les contraintes sont là. Nul ne peut s’opposer à la nature et encore moins un drone d’environ 4 kilos. Impossible en effet pour cet appareil d’effectuer un vol lors de fortes pluies ou avec des vents supérieurs à 30 kilomètres/heure. D’une part, la qualité de l’image serait dégradée et d’autre part, ces conditions pourraient causer des dégâts majeurs. Enfin, pour des raisons techniques, un vol commercial dépasse rarement les 10 minutes.

…mais extrêmement règlementé

Avec aujourd’hui 350 entreprises spécialisées dans la location de drones, on ne s’improvise pas pour autant pilote d’un tel engin. La France est le premier pays au monde bénéficiant d’une législation pour l’utilisation des drones et en a fait un secteur très règlementé. L’arrêté ministériel du 11 avril 2012 a fixé les conditions de développement du secteur des drones à usage civil et l’objet volant possède même sa propre fédération.  » Tout d’abord, les pilotes doivent posséder le brevet théorique d’ULM pour pouvoir exercer. Le drone doit être également homologué par la DGAC. Quant aux règles en vol, elles sont très strictes et à suivre selon les conditions d’utilisation », ajoute Grégoire Tiberghien.

Au total, la Direction Générale de l’Aviation Civile a rédigé quatre scénarii selon les situations. Et qu’on soit hors zone peuplée, en agglomération ou en activité particulière, les conditions d’utilisation ne sont pas les mêmes. Dans le cadre d’un festival par exemple, si l’opérateur de drone n’a pas de décharges signées de la part des participants, il n’est pas autorisé à survoler la foule et doit respecter une distance de sécurité d’au moins 30 m à l’horizontal par rapport à foule. La législation du drone devrait prochainement évoluer pour être à la fois plus flexible sur les conditions d’utilisation mais plus ferme sur son application et les règles de sécurité (formation du pilotage, procédure de vol…).

D’autant que son usage peut être effectué à des fins citoyennes et/ou écologiques. Comme l’initiative de l’artiste Californien Robert Chew relatée il y a quelques jours par Le Monde. Inspiré par Damien Mander, ancien militaire et fervent défenseur de la cause animale, cet Américain a en effet imaginé des robots capables de protéger les espèces contre le braconnage. Ainsi, l’aigle robotisé, agissant comme un drone, permettra de surveiller un vaste territoire et apportera les premiers soins en cas d’attaque. Utilisé, depuis de nombreuses années, dans le domaine militaire pour la surveillance, l’appareil volant pourrait jouer un rôle considérable dans la protection des espèces. Sans faire de bavures cette fois.

Eric Espinosa / @EricESPINOSA8

 
L’oiseau du futur ? (image : Robert Chew)

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