27 mai 2009

Temps de lecture : 2 min

La Sonate de la crise

Variation pop autour d'un thème.... Chaque semaine, Thomas Jamet déniche dans la culture contemporaine tout ce qui résonne avec l'époque.

« Wrong ». Le retour de Depeche Mode sonne faux… enfin, plutôt très juste. Le dernier clip des géants de la New Wave est saisissant. Filmé en décembre 2008 dans les rues de New-York, il met en scène un homme pris au piège, bloqué dans une voiture roulant en marche arrière et courant irrémédiablement vers sa perte.
S’il est tentant (et sans doute simpliste) d’y voir une allégorie du système économique mondial, on ne peut nier que le propos résonne étrangement avec l’ambiance de la période de crise que nous traversons. Ce clip fait en tous cas écho avec le récent et excellent film de Kiyoshi Kurosawa, «Tokyo Sonata ». Le cinéaste japonais y dépeint une famille normale qui s’enfonce dans la crise, enfermée elle aussi dans un système roulant vers la catastrophe.

Mais ce qui est bien plus intéressant et symbolique est la fin de «Tokyo Sonata » : le long métrage se termine en effet en musique par une magnifique et poignante interprétation au piano d’un morceau de Schubert, symbolisant un retour à l’harmonie et à un nouvel équilibre pour une famille repartant sur de nouvelles bases.
Une fin extrêmement symbolique à l’heure où tout ce qui « sonnait juste » hier sonne « faux » aujourd’hui (crise sanitaire, crise économique, valeurs bouleversées, équilibre du monde menacé, rumeurs d’insurrection…).

Il est intéressant à plus d’un titre d’opérer un parallèle entre musique et équilibre du monde. C’est ce que Jean Bodin, philosophe et jurisconsulte a théorisé dans les « Six Livres de la République » en 1576, en démontrant combien l’« harmonie » était le ciment de toute civilisation, et de manière quasiment mystique comment les institutions, la société, les échanges, le peuple et le monarque, devaient vivre ensemble dans un système global ordonné, « harmonisé », quasiment musicalement. Pour Jean Bodin, le monde est comme un orchestre : la justesse est synonyme d’un système qui fonctionne, le faux symbole d’une société désaccordée.
Si aujourd’hui l’époque semble sonner le requiem de la justesse, il y a peut-être une lueur d’espoir : au début d’un concerto, le moment où l’orchestre accorde ses instruments prend souvent l’air de grand désaccord… Avant l’accord global ?

Thomas Jamet est directeur général adjoint de Reload, structure de planning stratégique, d’études et d’expertise de Vivaki (Publicis).

thomas.jamet@reload-pgm.com

www.reload-pgm.com

 

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