20 décembre 2012

Temps de lecture : 3 min

Les bonnes recettes pour innover et prospérer en 2013

Un monde ancien s'effondre, un monde nouveau émerge. L’Histoire montre que la plupart des entreprises leaders sont nées au cœur de crises majeures. En particulier, celle de 1929 a été la période la plus innovante pour les USA.

Comment innover en temps de crise, et en particulier comment innover pour en sortir ? Tel était le thème du Mardi de l’innovation présenté par Marc Giget le 11 décembre dernier à l’ENSAM à Paris. En période de croissance, on n’a pas tendance à vraiment innover car tout va bien. Les ajustements se font à la marge. C’est en temps de crise qu’on innove le plus. « La grande innovation, c’est une réponse à un impact dur qui va obliger à changer » précise Marc Giget.

Quand le pouvoir d’achat baisse, le chômage augmente et les salaires sont gelés, on ne peut plus continuer comme avant et on n’a pas d’autre choix que de radicalement innover. C’est ce que l’économiste autrichien Joseph Schumpeter appelait « la destruction créative » quand un monde ancien s’effondre et un monde nouveau émerge.

La crise de 1929 a été très violente et de fait, a été la période la plus innovante pour les USA. La crise actuelle n’est pas aussi violente. Pendant la grande dépression, 1 Américain sur 3 était au chômage. Toutefois, la crise que nous vivons aujourd’hui est la plus violente depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, si on en juge par son impact sur l’emploi (Cf graphe ci-dessous aux USA).

Source : Calculated Risk

Selon Marc Giget, « en temps de crise, pour innover, il faut revenir au fondamental » : baisser le prix sur les dépenses élémentaires (logement, transport et alimentation) afin de redonner du pouvoir d’achat à tout le monde et amorcer ainsi une sortie de crise. « Plus le pouvoir d’achat baisse, plus les prix doivent baisser ».

Pour cela, l’entreprise doit réduire les coûts de fabrication. « Il ne s’agit pas de bricoler ou faire du bas de gamme » afirme Marc Giget. Il est au contraire très compliqué de réaliser des produits fiables, efficaces, simples et pas chers à la fois. C’est un véritable défi industriel.

Dans les années 30, aux USA, une petite chaîne de restauration, appelée Mc Donald’s, lançait le hamburger à 15 cents avec les ingrédients essentiels pour un bon repas, selon les médecins de l’époque : du pain, de la viande et des légumes.  Des chaussures en toile, simples et basiques, de marque Converse sont nées aussi à cette époque. En France, dans le même temps, les Galeries Lafayette ouvraient une chaîne de magasins populaires proposant des milliers de produits élémentaires à bas prix : c’était Monoprix.

Aujourd’hui, EasyJet devient numéro 1 en Europe en baissant de 52% les coûts habituels d’un opérateur d’avions. Au Brésil, Tecverde fabrique et exporte de belles maisons modulaires en bois pour moins de 15 000 Euros. En Inde, la société Aravind redonne la vue à ses patients pour $7.20 après avoir industrialisé son mode opératoire. En Allemagne, Volkswagen investit plus de 50 milliards d’Euros – le plus gros investissement industriel – pour optimiser sa chaîne de montage et proposer une Golf 7 de 2 à 3 000 Euros moins cher qu’une autre voiture de la même gamme.

Parking Volkswagen futuriste près des usines de montage de la Golf à Wolfsburg en Allemagne

Une autre façon pour l’entreprise de baisser le prix est de confier une partie des coûts au consommateur lui-même :

– coûts de fabrication : produits en kits, « home made » et « Do It Yourself »
– coûts de gestion d’une marque prestigieuse : produits de marque distributeurs

Par ailleurs, le consommateur peut aussi partager et échanger produits et services pour réduire le prix qu’il a payé.

Dans les années 30, on organisait des repas familiaux entre chômeurs non seulement pour échanger des informations sur l’emploi, mais aussi pour réduire le coût des repas.

Aujourd’hui, on paye à l’usage. On vend sur Le Bon Coin, on échange ses vêtements qui dorment dans l’armoire sur Prêt à Changer, on prête sa voiture inutilisée sur Citizen Car et on partage ses surplus de repas via Super Marmite.

La consommation collaborative a toujours existé en temps de crise. Elle offre aujourd’hui des services d’autant plus rapides et efficaces qu’ils sont relayés par l’outil Internet.

Si ces innovations permettent de passer la crise en redonnant du pouvoir d’achat, selon Marc Giget, toutes ne permettront pas d’en sortir.

Typiquement, la consommation collaborative seule ne permettrait pas de sortir de la crise. « C’est très bien pour passer la crise, c’est indispensable mais ce n’est pas de la sortie de crise. Cela ne crée pas d’emplois, pas d’activité qui crée de l’activité » souligne Marc Giget.

A contrario, les innovations qui repartent de zéro, reviennent aux besoins fondamentaux, réduisent les coûts de production pour offrir une baisse de prix significative et anticipent une extension de gamme à fortes marges sont celles qui porteront la sortie de crise et seront les leaders de demain.

Il n’y a qu’à penser à Monoprix, bien loin de son positionnement prix d’origine, pour s’en convaincre.

Chantal Garnier
www.lesinnovents.fr

Les Mardis de l’Innovation, cycle de formation ouverte à l’excellence en innovation et au progrès humain, délivré par Marc Giget, tous les mardis soirs à l’ENSAM.  Ce cycle est destiné aux étudiants et professionnels de l’innovation. Accès gratuit sur inscription. Retransmission en différé sur la chaîne Viméo des Mardis.

(Crédit photo en une : ActuTime)

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