7 juin 2016

Temps de lecture : 3 min

Comment L.A. se sert de la data pour éradiquer ses rues crasseuses

Los Angeles est "à peu près propre à 96%". Loin d’être satisfaisant pour son maire qui met en place CleanStat Index, un collecteur de données, afin de réagir quasiment en temps réel et d’engager responsables de la ville et citadins

Los Angeles est « à peu près propre à 96% ». Loin d’être satisfaisant pour son maire qui met en place CleanStat Index, un collecteur de données, afin de réagir quasiment en temps réel et d’engager responsables de la ville et citadins

96% des 22 000 miles de Los Angeles (soient 35 200 kms) sont « à peu près propres ». Un résultat loin d’être satisfaisant pour Eric Garcetti, son maire, qui veut atteindre les 100% et surtout passer à un cran au-dessus en termes d’amélioration des artères crasseuses. « C’est toujours très facile et valorisant de réfléchir à ce que doit être la ville du futur et nourrir de grandes ambitions pour elle », souligne l’édile interviewé dans le journal de la ville : « Mais pas avant d’avoir régler des questions aussi basiques que le salaire minimum, les SDF, l’état du fleuve et bien sûr la salubrité. Or notre ville n’est pas encore performante en la matière et il est plus que temps d’être systématique et efficace ». Insistant à juste titre que sociologiquement et économiquement : « une rue sale jonchée d’ordures a plus de conséquences négatives qu’on ne pense sur ceux qui la fréquentent régulièrement ou occasionnellement. Comme par exemple sur un élève qui peut remettre en cause son comportement à l’école ou l’enseignement plein de citoyenneté qu’il reçoit, sur un éventuel investisseur qui pourrait être rebuté en visitant un quartier malsain ou encore sur un simple habitant qui pourrait assimiler cette négligence à un sentiment d’inégalité ».

Chaque rue est numérotée de 1 à 3 : un rang jamais acquis définitivement

Résultat, depuis avril, chacune des rues sont notées de 1 à 3, selon leur netteté. Un classement jamais acquis définitivement et qui montre qu’il y a encore du pain sur la planche puisque 61% ont obtenu 1 (« clean »), 35%, 2 (« somewhat clean ») et 4%, 3… donc les plus cra-cra puisque « not clean ». Ce suivi, qui entre dans le programme Clean Streets Initiative doté d’un budget supérieur à 9 M$, est déjà utilisé par d’autres communes comme New York, Philadelphie ou San Francisco. Mais celui de L.A. intègre une nouveauté de taille : le CleanStat Index, un indice établi mensuellement grâce à une vaste collecte de données et qui permet d’opposer un front uni face à ce problème. Montrant ainsi toute l’utilité vertueuse de la data surtout quand elle est mutualisée, comme le soulignait Augustin Decré, dans la revue INfluencia consacrée à la Data.

Calqué sur CompCast -système utilisé par la police de plusieurs cités dans la prévention de la délinquance et qui a permis de faire baisser en moyenne le taux de criminalité de 10% depuis 1990- cet outil technologique s’appuie sur les mêmes ressources telles qu’une grille d’évaluation par zone, des caméras de surveillance ou des données démographiques. Il permet d’une part de gagner en réactivité et pertinence à moindre coût. D’autre part, en prenant en compte la totalité des rues, il délivre un classement global en permanence réactualisé et surtout il facilite le réajustement quasi en temps réel des allocations budgetaires et des actions à mettre en place. Puisque des représentants du bureau de l’assainissement de la mairie et des quartiers se réunissent chaque mois pour valider l’évolution de la notation et rediscuter des stratégies à poursuivre ou à entamer.

Mais attention en mettant autant l’accent sur la technologie, cela ne signifie pas que les citoyens sont mis de côté. Au contraire, grâce à cet outil toutes les données récoltées sont publiées en ligne et librement consultables. De plus, la mairie distinguera régulièrement dans son conseil, une personne ou un volontaire de chacun des 96 quartiers qui aura été capable d’agir en faveur de la propreté localement. « En tablant sur la valorisation des personnes, notre objectif est l’hyper responsabilisation », confirme Eric Garcetti. Notamment pour faire prendre conscience à n’importe quel résident ou chef d’entreprise qu’il peut animer une session et motiver ses voisins pour que leur rue commune passe du stade 3 à 1. Et à juste titre car « si la technologie est vraiment un atout pour aller plus loin et savoir comment mieux faire, la situation ne s’améliorera vraiment et ne se prolongera dans le temps que si les habitants sont prêts à relayer les actions mises en œuvre et à s’engager réellement et concrètement pour leur environnement ». Or on le sait, parfois rien de mieux qu’une petite mise en compétition et la promesse d’une reconnaissance pour aider à changer des (mauvaises) habitudes.

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