10 décembre 2014

Temps de lecture : 2 min

Le bus qui roule à l’excrément humain

Sachez dorénavant que du centre-ville de Bath à l’aéroport de Bristol en Angleterre, vous monterez dans un autocar qui roule grâce à vos étrons... Tout un poème.

Sachez dorénavant que du centre-ville de Bath à l’aéroport de Bristol en Angleterre, vous monterez dans un autocar qui roule grâce à vos étrons… Tout un poème.

Caca, déjection, excrément, merde, étron ou tout simplement engrais naturel traditionnel, la matière fécale peut servir la cause agricole. Même lorsqu’elle est humaine ? Les excréments d’une seule personne peuvent certes fertiliser 300 à 400 mètres carrés de culture par an, mais entre présence d’agents pathogènes et risque de contamination des eaux souterraines, leur utilisation est jugée trop dangereuse. Pour permettre à un bus écologique de faire tourner son moteur, nos crottes sont en revanche tout ce qu’il y a de plus sûr. Encore faut-il avoir le culot de mettre en place l’expérience. En Angleterre, Bath Bus Company, géré par la RATP Dev UK, a osé ce pari audacieux.

L’avenir du transport ?

C’est le quotidien britannique The Guardian qui a rapporté l’information le 20 novembre dernier. Présenté comme le premier « bus à caca » du Royaume-Uni, le « Bio-Bus » tourne au biométhane, généré par le traitement de déchets alimentaires et d’excréments humains. Il peut rouler pendant plus de 200 kms avec un plein -soit la matière fécale de cinq personnes pendant un an- et ainsi assurer le déplacement entre Bath et l’aéroport de Bristol. Autant dire qu’il n’est pas juste là pour épater la galerie, il possède une réelle utilité quotidienne pour les quelques 10 000 passagers qui se coltinent le trajet chaque année.

Conçue comme une arme anti gaz à effet de serre et un modèle de transport public durable et écolo, l’innovation du transporteur Bath Bus Company est censée améliorer la qualité de l’air dans les villes. « Ce projet démontre clairement que les excréments humains et les déchets alimentaires sont des ressources utilisables et efficaces », commente dans le Guardian Charlotte Morton, CEO de l’association Anaerobic Digestion&Bioresources. Elle poursuit : « La nourriture qui n’est pas consommable par l’Homme devrait être collectée séparément et recyclée par la digestion anaérobique en essence verte et biofertilisants, et non pas gâchée dans les décharges et les incinérateurs ».

En voilà une idée qu’elle est bonne, comme dirait l’autre ! Elle l’est tellement que GENeco, filiale de Wessex Water et propriétaire de l’usine de traitement des déchets, est également devenue le premier au Royaume-Uni à l’inviter dans le réseau national de gaz. « Nous sommes capables de produire assez de biométhane pour fournir presque 8500 maisons en gaz, tout en faisant rouler le Bio-Bus. Ces autocars là ont un rôle important à jouer dans l’amélioration de l’air de nos villes », assure Mohammed Saddiq, general manager de GENeco. Last but not least, ce sont les excréments des résidents de la ville qui alimentent le Bio-Bus. Organique et local, que demande le peuple ! Sachant que cette innovation est en partie française car issue de la filiale anglaise de la RATP, on aimerait bien voir ce type de bus rouler dans la capitale grâce aux « petits cadeaux » de nos compatriotes.

Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA

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