4 juillet 2016

Temps de lecture : 3 min

Le Brexit dessert la cause de la démocratie en Chine

Au moment où le Brexit agite l’opinion et fait perdre des points au principe de démocratie en Chine, un patron et des ouvriers émeuvent. Le premier, fondateur très charismatique de Vanke et aimé de ses employés se bat pour garder son poste face à des actionnaires en mal de pouvoir. Les seconds suscitent l’empathie et un besoin national de justice. Car acteurs oubliés de l’autre Chine, celle qui n’est pas digitale, celle où tout est dur et peu cher payé.

Au moment où le Brexit agite l’opinion et fait perdre des points au principe de démocratie en Chine, un patron et des ouvriers émeuvent. Le premier, fondateur très charismatique de Vanke et aimé de ses employés se bat pour garder son poste face à des actionnaires en mal de pouvoir. Les seconds suscitent l’empathie et un besoin national de justice. Car acteurs oubliés de l’autre Chine, celle qui n’est pas digitale, celle où tout est dur et peu cher payé.

Avec plus d’1 milliard de média impressions sur Sina Weibo, le Brexit est le HotTopic qui a aussi fasciné la Chine. Notamment parce qu’aux yeux de ses habitants, c’est complètement surréaliste de voir un Premier Ministre démissionner et de donner, à ce point, la parole au peuple pour décider d’un choix aussi important économiquement et politiquement. C’est même absurde, comme en témoignent la majorité des discussions sur les réseaux sociaux qui remettaient en question cette initiative tout en exposant les dangers de la démocratie puisqu’elle a poussé à l’aberration, le Royaume Uni -un pays pourtant très éduqué dans la moyenne. Leur permettant ainsi de confirmer que cette fameuse démocratie ne peut et ne doit surtout pas arriver en Chine.

Sans compter les blagues qui n’ont pas manqué de circuler  comme celle sur l’effondrement de la livre sterling, qui permet de bénéficier de 10% de rabais sur les produits britanniques. Mais aussi celle sur l’Europe comparée à un groupe de discussion WeChat dont les états membres devaient envoyer régulièrement des digital hongbaos, mais que ces versements ont lassé le Royaume-Uni qui a donc quitté ce groupe WeChat. Une analogie qui a beaucoup fait rire et a beaucoup circulé sur la toile. Enfin, comme on est en pleine période des examens de fin d’année et du Gao Kao (le bac chinois), les internautes ont insisté sur le fait qu’il fallait s’intéresser au Brexit, qui sera très probablement un sujet de dissertation dans les années à venir.

Vanke, groupe immobilier très connu et très aimé des Chinois, décroche le titre de HotBrand pour deux raisons. D’abord, parce qu’en dépit de ses 100 milliards de chiffre d’affaire annuel, il affiche une culture d’entreprise très forte basée sur la simplicité, la transparence et le sens des responsabilités. Et surtout il est dirigé par un leader charismatique, spirituel, cultivé et passionné doublé d’un fondateur très puissant qui a su faire circuler ces belles valeurs dans son entreprise : Wang She. En effet, peu motivé par l’argent, il a abandonné ses parts en 1988 et une fois à la retraite, il partira pour un long trek dans l’Himalaya, épousera une célébrité et s’inscrira à Harvard pour se challenger. Faisant de lui, un personnage très inspirant.

Mais, si Vanke est la marque de la semaine, c’est aussi à cause des deux actionnaires principaux en conflit pour prendre le pouvoir dans l’entreprise. Et surtout Bao Nang qui a demandé à faire partir définitivement Wang She. Choquant ainsi énormément. Car c’est un peu comme si un nouvel actionnaire de Virgin réclamait à ce que Richard Branson soit évincé. Imaginez l’effet que cela produirait dans les tabloïds. C’est donc un véritable reality show au sein de l’entreprise où Wang She essaie de sauver sa place. Peine perdue, selon les toutes informations.

De l’émotion pour le HotPost. Car il concerne des ouvriers métallurgiques d’un certain âge, qui chaque jour manipulent et transportent la poudre au sein de l’usine. Un travail dur pour un salaire dérisoire puisque chacun déplace au quotidien 300 tonnes pour 200 RMB (environ 3 euros), soit 60 centimes de RMB par tonne. Or les belles photos du reportage sont très touchantes mais aussi choquantes. Car en racontant l’autre Chine et en montrant du doigt la fracture bien réelle entre les populations qui ne vivent pas dans les mêmes conditions, elles s’opposent en effet, à celles qui paraissent aussi dans la presse et qui décrivent l’autre pan du pays qui avance tellement vite et qui met en avant des tonnes de success story tous les jours dans le digital, le BAT… Mieux, ces images, en sortant de l’oubli une partie de la population, ont beaucoup ému les habitants des Tier 1 cities (grandes villes développées) qui ont publié des commentaires très empathiques envers les ouvriers via 234 000 retweets sur Weibo et 200 000 likes. Allant même jusqu’à demander à régler cette situation, afin d’harmoniser et être plus juste avec cette autre Chine.

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